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Philip Tagg 2010-08-18
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languages, 3 questions, 12 answers
2 langues, 3 questions,
12 réponses
Question 1 Question 2 Question 3 |
« Plusieurs tudes linguistiques montrent que lducation bilingue est un puissant facteur de stimulation intellectuelle. Les bilingues ont un avantage socioculturel et comportemental important : la double approche linguistique leur permet davoir une ouverture desprit plus large vers dautres cultures et dautres modes de pense. Il ne faut pas perdre de vue que environ 80% des habitants du monde sont au moins bilingues, sinon multilingues. » (Lassociation des Parents pour lÉducation par le moyen du Gallois (Rhieni dros addysg Cymraeg - en français + lecture essentielle pour les francophones anglophobes). |
Given that I teach at a French-language university, why are so many texts on this site in English? |
Étant donné que je travaille à une université
francophone, pourquoi y a-t-il autant de textes en anglais sur ce site?
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My mother tongue is English. I was educated in a nation state whose official language is English: hence, I write more easily in English. | Langlais est ma langue maternelle. Jai fait mes études dans un pays dont langlais est la langue officielle ; doù le fait que jécris plus facilement en anglais. |
I taught full-time in Swedish for 21 years. During much of that time and during my 11 years of full-time teaching in the UK, I wrote mainly in English. Since those texts are apparently useful to others, I have kept them on this website. I have not the time to translate most of that work into French and I cannot afford to pay a professional to do so on my behalf. | Pendant la plupart des 21 ans que jenseignais en suédois, ainsi que pendant mes 11 années denseignement à plein temps en Angleterre, je produisais des textes, principalement en anglais. Puisque ces textes semblent être utiles à dautres personnes, je les ai gardés sur ce site. Je nai eu, malhereusement, ni le temps de les traduire, ni les moyens de les faire traduire de manière professionnelle. |
Most people who visit this site understand English. Only a minority of visitors are able to read French without difficulty. Most members of this Francophone minority can read English. | La plupart des visiteurs à ce site comprennent langlais. Seulement une minorité de ces personnes lisent sans difficulté le français. De cette minorité francophone, la plupart des visiteurs comprennent bien langlais. |
There are 350 million home speakers of English worldwide and 2 billion living in nations with English as an official language. The figures for French are 125 million (36%) and 400 million (20%) respectively. Differences are even greater when it comes to English and French as second language in nations whose official languages include neither English nor French. In other words, the role of English today is similar to that of Latin in medieval Europe. To be understood by as many people as possible, you have to write in English. Therefore, since most of what appears on this site is of potential interest to many more people than are able to read French, most texts are in English. |
Sur le plan mondial, langlais est la langue maternelle de 350 millions personnes et une langue officielle nationale de 2 milliards. Les chiffres équivalentes pour le français sont 125 millions (36%) et 400 millions (20%). Les différences sont encore plus grandes en ce qui concerne lutilisation de langlais et du français comme langue secondaire dans les pays dont ni lun ni lautre n'est une langue officielle. En dautres termes, langlais joue aujourdhui un rôle similaire à celui du latin en Europe au Moyen Âge. Si on veut se faire comprendre par le plus grand nombre de personnes, il faut écrire en anglais. Puisque la plupart de mes textes peuvent intéresser à beaucoup plus de gens que seulement ceux qui lisent sans difficulté le français, la plupart de mes textes sont en anglais. |
Sil
faut écrire en anglais pour se faire comprendre par le plus grand
nombre de personnes, et si la plupart des francophones qui visite ce site
comprennent langlais, pourquoi contient-il autant de textes en français?
|
If writing in English means being understood by many more people, and if most of the French speakers who visit this site also understand English, why does it contain so many texts in French? |
La
plupart de mes étudiants sont des québécois. Leur
langue maternelle, et la langue officielle du Québec, cest
le français. Les québécois ont mené une lutte
ardueuse afin détablir la langue de la majorité locale,
le français, comme langue officielle. Ce site ne doit pas seulement
reconnaître ces faits de lhistoire mais aussi contribuer au
développement de connaissances en français. Bref,
cest une université francophone qui me paie, même si
je suis anglophone, pour enseigner en français à des étudiants
qui sont principalement des francophones. Cela veut dire produire des
textes en français.
|
Most of my students are Québécois. Their mother tongue and the official language of Québec is French. The Québécois had to carry out a long and hard political struggle for the language of the local majority, French, to become the official language. This site should not only recognise such historical processes but also contribute to the production of knowledge in French. After all, even though my mother tongue is English, I am paid by a French-language university to teach in French to students who are mainly Francophone. That means producing texts in French. |
Je trouve important de faire ce que je peux pour la culture francophone qui ma accueilli. Dans locéan anglophone qui nous entourne il est important de contribuer à la diversité culturelle et linguistique, sans faire de la québécitude, y compris sa langue, un Disneyland francophone. Je me vois très « chanceux » qui peux vivre et travailler à Montréal. | I feel it is only right to do what I can for the culture which has welcomed me. In the English-language ocean surrounding us here it is important to contribute to cultural and linguistic diversity without turning Quebecness, including its language, into a francophone theme park. I count myself very lucky to be living and working in Montreal. |
Depuis mon arrivé à lUniversité de Montréal, je rédige, jaméliore et jactualise, en français, tous les textes qui touchent directement à lenseignement. Je continuerai avec ce travail jusquà ce que tous les matériaux destinés à mes étudiants francophones soient présentés en bon français! | Since arriving at the Université de Montréal Ive been reworking, improving and updating, in French, all texts relating directly to my teaching. I will carry on this work until all relevant teaching materials have been formulated in decent French! |
What
problems arise from having to
write in French? |
Limpératif
francophone, quels problèmes
cause-t-il? |
It takes me about four times longer to write in French than in English and I often need to send my French texts off for correction. This means less time for other work. |
Écrire en français, cest quatre fois plus long pour moi que décrire en anglais. En plus, je suis souvent obligé de faire corriger mes textes en français. Ceci implique que jai moins de temps pour dautre tâches. |
I no longer have the time to rework or update the previous English versions of my online teaching materials whose recent improvements, I regret, are consequently inaccessible to those who dont read French. | Je nai plus le temps ni de rédiger ni dactualiser les anciennes versions anglaises des textes denseignement. Je regrette que ces améliorations restent cachées aux non-francophones. |
Everyday French in Québec (even more so in Acadia) seems to adapt without difficulty to the geo-linguistic realities of its global position without its basic elements of syntax or pronunciation suffering any noticeable damage. On the other hand, the official French we university teachers are expected to use professionally, carries the millstone of the French Academy round its neck. As one student remarked, when I was trying to explain why, when you want to denote harmony built on piles of thirds, you have to use the word tertial, not triadic, but, monsieur, its not in the dictionary, even though I pointed to a plethora of triads in quartal harmony. According to this mentality, you cant reform inadequate terminology because the necessary concepts dont exist! |
Le français vernaculaire du Québec (encore plus de lAcadie) sadapte, apparément sans difficulté, à la réalité géo-linguistique de sa position mondiale, sans que sa substance de base (syntaxe, prononciation, etc.) soit menacée. Le français officiel, par contre, que nous devons, en tant que profs universitaires, pratiquer dans notre travail, me semble trainer le boulet de lAcadémie Française. Cest le syndrome « mais, monsieur, ce nest pas dans le dictionnaire! », reproche que ma lancée un étudiant lorsque je tentais dexpliquer pourquoi, si on veut dénoter les accords de tierces entassées, il faut parler de lharmonie tertielle (tertial) plutôt que de « triadique » parce quil y a beaucoup de triades quartales aussi. Selon cette mentalité on na pas le droit de proposer une terminologie adéquate puisque le concept pertinent « nexiste pas » officiellement ! |
Another expression of these old problems of centralism in French culture is in the contradiction between the vocabulary of popular musicians and that of the conventional musicologist that flat two with the last eighth on hi-hat is a kick in the teeth, as opposed to that minor second, accompanied by cymbale charleston (official French for hi-hat!) articulating the final quaver of the measure, produces a striking effect. (The differences are much more striking in French!) | Ces vieux problèmes du centralisme culturel français (= parisien) sexpriment aussi, par exemple, dans la contradiction entre le vocabulaire du musicien populaire et celui du musicologue conventionnel « le flat two avec le dernier huitième sur le hi-hat, ça fesse dans ldash » contre « cette seconde mineure, accompagnée du cymbale charleston qui articule la dernière croche de la mesure, produit un effet éclatant » . |
French doesnt distinguish between mi (as in do, re, mi) and mi meaning the note E. So mi can be mi (in do or C major), or it can be B (in G or sol majeur) or even G sharp in mi (=E) majeur. Its a mess! | Il est impossible de distinguer, en français, entre « mi » dans le sens de la tierce majeure par rapport à nimporte quelle tonique (do, do dièse, ré bémol, ré, mi bémol, mi, fa, etc.) et « mi » en tant que ton absolu : E en anglais, par contre, ne peut être « mi » quen do majeur ou en do dièse mineur, tandis que G# (sol dièse) nest « mi » que par rapport à E (mi). |
«Anglo-saxon»
et «maudit anglais»?
Non, merci, estimé gallo-normand!
[on the absurdity
of being Anglo-Saxon in the third millenium and on the virtue of
suffering at the hands of the damned English]
1. « Anglo-saxon » Selon le site web de la Faculté de musique de lUniversité de Montréal (le 9 octobre, 2005), je serais responsable dun cours entitulé Histoire de la populaire anglo-saxonne! Cette erreur a un côté comique et un côté plus sinistre, dans le sens où de nombeux francophones, y compris des personnes autrement bien éduquées, confondent régulièrement anglo-saxon et anglophone. Cette insouciance conceptuelle, bien que souvent le résultat dune ignorance partiellement excusable, recèle parfois des traces dune xénophobie gallocentriste dune stupidité comparable à langlocentrisme inexcusable que lon rencontre trop souvent dans des milieux où on parle quelque variante de ma langue maternelle. Petite histoire neécessaire. C'est en 1066 que les Normands français envahissent l'Angleterre, dont la plupart des habitants parlaient alors de différents dialectes germaniques que lon regroupe aujourdhui sous létiquette démographique et linguistique anglo-saxon ou Old English. Entre la conquête normande (1066) et, au plus tard, 1400, la langue de la classe dominante féodale (les franco-normands) se fait valoir de plus en plus auprès de la population majoritaire indigène jusquà ce quune nouvelle langue nationale sétablisse : langlais. Cette langue nest ni anglo-saxonne ni franco-normande mais le résultat dune acculturation des deux. En effet, les Canterbury Tales de Geoffrey Chaucer, mort aux alentours de 1400, sont censées dêtre un des premiers exemples de la littérature anglaise. Cette langue a autant et aussi peu affaire à la langue de la saga de Beowulf (c. 900) qu'à la langue que parlait Guillaume le Conquérant en 1066. Anglo-saxon dénote donc soit lensemble des langues parlées par la plupart des habitants de lAngleterre entre 800 et 1300, soit la culture de cette même majorité de la population pendant cette même période. Il est par conséquent absurde de coller létiquette anglo-saxon aux anglophones et à leur culture en 1500, pour ne pas parler daujourdhui. En effet, si personne nutilise les termes gallo-normand, gallo-franc, franco-gaulois etc. pour dénoter les francophones et leur culture après le moyen-âge, pourquoi doit-on accepter lutilisation absurde du terme anglo-saxon? Anglo-saxon qualifie tout simplement des phénomènes morts depuis plus que 600 ans. Mon cours sappelle Histoire de la musique populaire anglophone. De plus, anglo-saxon fut l'adjectif employé par les normands envahisseurs pour dénoter le peuple qui ne parlaient pas la langue du roi et du roi et des barons franco-normandes. C'était un terme plutôt dérogatoire désignant les petits gens indigènes que les « nobles » normands se sont donnés le droit divin de massacrer, d'opprimer et d'exploiter. Dailleurs, à part les Tagg, probablement originaires de lAngeln dans ce qui est aujourdhui lAllemagne du nord, mes aïeux étaient surtout dorigine écossaise ou galloise (plus un peu de juif, dirlandais et danglo-normand). Ici il faut se souvenir que les langues galloise et gaëlique écossaise emploient respectivement les mots saeson et sassenach (=saxon) pour signifier anglais. Étant donné tous ces faits simples historiques, culturelles, linguistiques et personnelles, comment voulez-vous que je sois anglo-saxon ou que la culture dans laquelle j'ai été élevée soit anglo-saxonne? Ayez, s'il vous plaît, la bonté de me reconnaître tel que je le suis et de reconnaître ma culture dorigine, voire mon ethnicité, telle quelle lest en réaliité. Je suis anglais (de l'Angleterre) et citoyen britannique. Merci! 2. « Maudit anglais » ou « Tout lmonde et maudit/malhereux » Les « maudits anglais » qui maudisent les maudits anglais Hitler admirait beaucoup lempire britannique. Dans Mein Kampf, il se demande comment une si petite nation aurait pu exercer autant de pouvoir au monde aussi longtemps. (La conduite des franco-normands y ont joué un rôle historique, c'est clair !) La conclusion du Führer fut que nous, les anglais, étions, comme les allemands (et les normands), une race supérieure. Bullshit total, évidemment, parce que les forces motrices de la déstruction et de loppression exercées au nom de la couronne, moins souvent du peuple, britanniques étaient la chasse aux profits insatiable des grands commerçants, lavarice et larrogance qui résultent de laccumulation des biens mal acquis, une société de classe extrême et une tonne dautres facteurs pénibles et stupides qui reflètent plutôt linfériorité que la supériorité des êtres-humains responsables. Je serais très surpris si « maudit anglais » (même sil sagissait dun gallois ou dun écossais), nétait pas une énoncé habituelle sur les lèvres de chaque individu exploité par les impérialistes britanniques. Cependant, même si presque chaque africain, chaque indien, chaque aborigène, chaque amérindien, chaque acadien et chaque irlandais qui réussit survivre les injustices des impérialistes britanniques a dû certainement les maudire avec tout son coeur, ces non-britanniques nétaient pas les seuls à avoir de quoi se plaindre. Au 18e siècle, chaque père anglais dont les enfants crevaient de faim et qui, afin de les nourrir pendant quelques jours, était obligé de braconner sur les terres du grand seigneur, a dû maudire lavarice des riches de son pays. Si, appréhendé sur la propriété privée et reconnu coupable du braconnage, ce père fut séparé de sa famille et déporté, comme des centaines de milliers dautres « maudits anglais », soit en Virginie, soit en Australie (où il avait à travailler en état desclavage pendant cinq ans, s'il survivait le voyage), il maudirait les responsables de son destin injuste avec la même vigueur quun acadien expulsé de chez lui en 1755. Les mêmes malédictions des mêmes « maudits anglais » ont été exprimés par des millions dautres anglophones. Chaque homme, femme et enfant qui travaillaient dans les usines ou dans les mines britanniques au 19e siècle a maudit ses patrons inhumains. Chaque écossais anglophone chassé de son pays après la rebellion jacobite de 1745 a maudit, en anglais, les maudits anglais. Chaque petit soldat anglais qui, après la grande victoire à Waterloo (1815), devait soit trouver un moyen (lequel?) de traverser les océans (comment, sil avait été blessé?), ou mourrir de faim, ou faire prositutuer ses filles, etc. a maudit ses officiers anglais, le gouvernement britannique, son patron anglais, le lord anglais de son village anglais, etc. Depuis ces temps-là, presque chaque membre de la classe ouvrière anglaise a maudit, en anglais et avec la même force, les mêmes malfaiteurs anglais que maudisaient les esclaves déportés de leur pays ou les irlandais qui voyaient mourir leurs enfants pendant la Grande Famine (1846). Bref, étant donné que la majorité des anglais et des anglophones ont souffert aux mains des mêmes malfaiteurs qui ont maltraité des non-anglais et des non-anglophones, il faut spécifier aux quels anglais on fait allusion en utilisant ladjectif maudit si lon veut sérieusement se débarrasser cet ennemi. Maudire ceux qui maudisent le même mal que lon maudit soi-même équivaut à se maudire soi-même! Reflections personnelles dun « maudit anglais » sur les « maudits anglais » De la même façon que mes amis progressistes allemands, tous nés bien après la mort de Hitler, en ont marre des non-allemands (souvent des anglophones) qui se croient amusants lorsqu'ils imitent laccent allemand des comédiens dans les rôles des Nazis dans des films de guerre anglophones, je peux franchement me passer dêtre associé aux stéréotypes anglophobes répandus aux États-Unis, en France et au Québec. Puis que ce texte sadresse aux francophones, je remettrai à une autre occasion des reflexions sur les stéréotypes dickensiens et woodhousiens de Hollywood, ainsi que sur les accents «britanniques» non-existants de Dick van Dyke dans Mary Poppins ou du type criminel « anglais » chez Les Simpson, pour ne pas parler de lintellectuel pervers et intriguant qui emploie des mots compliqués (Lion King, par exemple). Une expression bizarre de la notion des « maudits anglais » se fait entendre parfois en France où jai dû écouter des personnes bien eduquées se plaindre du fait que toute la déstruction au sud de La Manche pendant la guerre de cent ans (1337-1453), y compris lexécution de Jeanne dArc, est la faute des « maudits anglais ». Il est vrai que les archers dAgincourt (1415) nétaient pas dorigine franco-normande, mais les causes de la guerre et les raisons pour sa longévité ne se trouvent pas dans des conflits entre les «petits anglais» et les «petits français». Non, la plupart dhistoriens de cette période expliquent la guerre de cent ans en termes de conflits de pouvoir et de territoire (Guyenne-et-Gascogne, etc.) entre la famille royale franco-normade en Angleterre et celle de ce qui deviendra la France, cest-à-dire entre deux familles dorigine francophone. Bien que ces faits nexcusent pas du tout les crimes de lempire britannique au 18e et au 19e siècles, il serait aussi très peu logique dextrapoler des crimes du 19e siècle une culpabilité rétroactive de 500 ans! Langlophobie prend dautres formes chez certains québécois qui ont vraiment du mal à simaginer que les «anglais» aient connu l'oppression aux mains des francophones. Ces québécois sont surpris de dentendre que loppression, pendant deux ou trois siècles à partir de 1066, des gens dorigine anglo-saxonne par les barons franco-normands, a été telle que la langue anglaise distingue toujours entre la viande, bien préparée et bien présentée avec un verre de bon vin pour les seigneurs franco-normands pork (porc), beef (boeuf), mutton (mouton) et lanimal malodoreux quélevaient les petits paysans anglo-saxons dans des champs froids et boueux pig (porc), ox (boeuf), sheep (mouton). OK, étant donné la date récente de lautonomie relative du Québec et la lutte que les québécois ont dû mener afin détablir, par exemple, la langue française comme langue officielle de leur territoire, la surprise de certains dentre eux face aux «nouvelles» de loppression franco-normande en Angleterre il y a 700 ans ne me surprend pas: je ne me sers dailleurs de cette période de lhistoire anglaise que pour minimaliser la possibilité dune prise de position quasi-ontologique vis à vis le mal inhérent de quelque peuple que ce soit. Par contre, je trouve nettement plus inquiétant le fait que cette même minorité des québécois que jai rencontrés se permettent de ressentir une grande indignation justifiée envers le traitement des Patriotes en 1837, tandis quils me semblent ignorants des autres rebellions qui ont eu lieu, aussi en 1837, au Canada anglophone. Ces rebellions anglophones, aussi écrasées avec une violence sévère par les forces de la couronne britannique, ne provoquent aucune indignation. De plus, je ressens une tristesse considérable quand les descendants moraux des rebels ontariens, les canadiens anglophones progressistes de nos jours, sont considérés en bloc avec les montréalais anglophones des couches supérieures dautrefois qui nont jamais respecté la majorité linguistique du Québec et dont la paresse ou larrogance les a empêchés de sadapter aux réalités linguistique et démographique de ce territoire. Leur stupidité les a même empêché de comprendre et de saisir les avantages du bilinguïsme. Habitants dune île francophone au milieu dun océan anglophone, la plupart des québécois que je connais personnellement se profitent sagement de cette situation, bien que lon en ait au même temps un peu peur. On apprend bien langlais, on le prononce bien et, en général, on le lit aussi sans difficulté. Quelle différence par rapport à la plupart de mes étudiants français (de France) qui ont souvent des difficultés de pronociation sérieuses et qui nont lu pratiquement rien en anglais! (Voir Conseils de prononciation pour les «français de France»). Je ne comprends pas comment on se débrouille dans le monde universitaire sans de bonnes connaissances en anglais. C'est comme si on croyait pouvoir se passer du latin comme savant au moyen âge. «Oui», ma dit une fois un jeune québécois, « mais si on avait eu la même attitude que les français envers langlais, les choses auraient été mieux pour nous ». Cest hereusement rare que lon voit poindre cette obstination monolingue inversée qui semble propager comme vertu lignorance de la langue anglaise, outil indispensable dans léducation supérieure, dans les recherches, dans les contacts internationaux, etc. À quoi bon se tirer cette balle dans le pied ou, plus exactement, la tête? Dailleurs, le gallois, comment cette petite langue-là peut-elle se trouver en aussi bonne santé? Quelques conseils
de prononciation pour les «français de France» Cher français, chère française! Bienvenu[e] aux cours de Philip Tagg à la Faculté de musique à lUniversité de Montréal. Puisque létude de la musique populaire comporte lemploi fréquent de noms propres et de termes anglais, je vous offre ici quelques conseils afin de vous épargner la gêne que quelques-un[e]s de vos compatriotes ont ressenti en réalisant quils/elles ne maîtrisent pas aussi bien que ses collègues québécois la prononciation anglaise. Nayez pas peur! Je trouve tout-à-fait légitime de garder laccent de sa langue maternelle lorsque lon parle une langue étrangère. Cest avec très peu deffort que lon peut garder sans honte son accent « étranger » et à la fois minimiser les risques de ne pas se faire comprendre. Il sagit aussi du respect aux règles générales de prononciation de la langue en question. Même un anglophone de formation modeste sait quil faut dire ballay (avec un accent anglais, bien sûr!) quand il lit ballet, bien que mallet se prononce mallitte et que ballet « doive » se pronocer ballitte selon les règles de sa langue. Il sait même dire rondayvoo lorsquil voit rendezvous (« doit » être Rennes daise va-ouze selon lorthographe anglaise). Bref, il sait, de son point de vue, que les français ont létrange habitude de ne pas prononcer la plupart de leurs consonnes finaux, que le E devant un N devient presque un O que lon envoie par le nez au lieu de par la bouche, que les deux voyelles OU font OO, pas OW, etc. Il serait donc gentil de lui rendre un respect réciproque lorsque vous prononcez des mots dans sa langue. Prière de lire Ballet in the Boudoir Bidet. Voici quatre conseils simples 1. En anglais on ne nasalise aucune voyelle et on prononce presque toujours le consonne final (bien que la combinaison finale voyelle plus R fonctionne différemment). Man se prononce mann[e], Ten tenn[e], Tin tinn[e], Non nonn[e], etc. Ne nasalisez jamais -an -en -in -on -un. Ce nest pas autant la nasalisation qui cause des problèmes de compréhension que le changement de voyelle émise par le nez français. En français, le A dans an et le E dans en ressemble à un O anglais, tandis que le I dans vin ressemble à un A anglais. Il faut toujours retenir les valeurs non-nasalisées des voyelles. 2. Si vous avez du
mal à prononcer le TH voisé (the,
there, this, that), ne le remplacez jamais par Z. Faites
comme non seulement les allemands, les scandinaves, les hollandais, mais
aussi comme les liverpudliens et les dublinois qui ont la même tendance :
remplacez-le par un D aspiré. De la même
manière, cest plus compréhensible si vous remplacez
le TH non-voisé (think, thanks, theatre)
par un T aspiré. 3. Si vous avez du mal à prononcer le H initial anglais (ou allemand, scandinave, finlandais, tchèque, etc.), vous pouvez vous en passer sans causer de grandes difficultés de compréhension, comme le font les Cockneys londiniens, par example. Surtout, nessayez pas dajouter un H au début dun mot qui commence par une voyelle. 4. ER final ne se prononce jamais ère/air/ert. Essayez plutôt quelque chose qui ressemble à une version abrégée du E ou du EU dans le mot neveu. Quelques exemples de prononciation incompréhensible cueuillis au cours des cours
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